Célébrer la diversité
par l’écoute, l’acceptation et le partage
Quelle justice sociale pour l’après ?
Nous voulons une transition socio-écologique qui permettra de maintenir la santé des êtres vivants et des écosystèmes de la planète. Nous voulons aussi que toutes et tous puissent en profiter pleinement. Comment faire une transition qui soit à la fois écologique et socialement juste?
L’ébauche d’un chapitre
Les idées suivantes viennent des participant-e-s de l’activité « La justice sociale : quelle justice sociale pour l’après? ». ATTENTION : Une analyse en profondeur viendra dans les prochains mois.
Sur trois semaines, dans l’esprit d’une correspondance guidée, chaque personne participante a pu contribuer à l’histoire, sur la thématique de la justice sociale et de la transition écologique.
Voici les textes du groupe 1: Amélie, Clara, Emilien et Pauline.
Étape 1 : On pose le décor
À quoi ressemble notre monde aujourd’hui en matière de justice sociale?
Nommez quelque chose que vous aimeriez voir changer (toujours en gardant en tête la thématique de la justice sociale).
Les mots d’Amélie
Étape 2 : L’entrée dans le nouveau monde
Une transition écologique juste s’est opérée. À quoi ressemble ce nouveau monde (par exemple, au plan de la distribution de la richesse, de l’inclusion, de la diversité, de l’égalité des sexes, etc.)?
Les mots de Clara
18 février 2033,
J’arpente les rues de Montréal, à pied, comme la grande majorité des autres concitoyen-ne-s.
Les grosses autos se sont faites plus petites dans les rues, pour laisser l’espace de respirer aux
flâneurs et aux flâneuses, humains comme non-humains, qu’ils soient poilus ou feuillus. Sur les
trottoirs, il n’est plus question de croiser des personnes itinérantes, bien trop souvent issues de la
communauté autochtone, victimes de discriminations séculaires. Il n’est plus question d’indifférence
forcée, il n’est plus question d’inégalités criantes entre des vitrines ronflantes, des hôtels luxueux et
des miséreux-ses juste devant. Ce qu’on évite maintenant, c’est d’écraser un parterre de ce qu’on
appelait jadis « mauvaises herbes » (comme c’était idiot quand on y pense).
Ça nous a pris du temps et des combats, mais on l’a fait : rendre la société plus juste pour toutes et
tous. La ville est partagée plus équitablement. Physiquement, elle s’est ouverte, à la nature, mais elle
est aussi accessible, autant pour nos aînés, que pour les personnes à mobilité réduite. Montréal c’est
également L’Inclusive : tout le monde peut s’y mouvoir sans problème. Les femmes ont pris la même
place dans l’espace public que les hommes, les personnes LGBTQ+ ne craignent pas les regards ou les
coups, les personnes racisées ne fuient pas la précarité ou la violence. Montréal accueille les
différences, de langues, de cultures, de religion, d’affiliation politique. Elle laisse la place aux
dialogues, aux concertations, aux échanges d’idées et à la prise de décision de tous les groupes. La
diversité est un maître mot : fini les condos uniformes, voilà que toutes sortes d’habitats, collectifs,
innovants et de différentes formes sont sortis de la précieuse terre ! On a réduit le superflu et on a
encadré les coûts des loyers, afin que le Droit au logement ne reste pas une invocation dans le vent.
On a laissé plus de place à la spontanéité, à l’imprévisible. Avec les catastrophes climatiques
fréquentes, il a fallu se montrer plus solidaires pour faire face, se diversifier pour s’adapter, oser des
idées qui semblaient farfelues il y a 10 ans.
Bien sûr, pour arriver à ce monde-là, il a fallu taper du poing sur la table. Tout le monde n’était pas
partant dès le départ… Il a fallu dire les choses, reconnaître des discriminations systémiques, envers
les femmes ou les personnes de couleur, il a fallu apprendre à déconstruire des préjugés. Qui
pourrait aujourd’hui traiter les défavorisé-e-s de paresseux ? Qui pourrait accuser les minorités de se
victimiser, de vouloir désunir le pays ? ça a pris de l’empathie, ça a pris du temps pour écouter,
apprendre et comprendre et secouer quelques personnes dans leurs convictions. Il a fallu
questionner les inégalités sociales existantes : comment pouvait-on supporter que des travailleuses
et travailleurs, contribuant à l’intérêt général, soient évincés de leur logement au profit de
spéculation immobilière ? Comment accepter que des familles vivent la peur au ventre de ne pas
payer leurs factures du mois, ne puissent pas se soigner ou se nourrir décemment, tandis qu’une
élite se gavait de plus en plus, au détriment du reste des gens, au détriment du reste de la planète ?
Pendant que les écosystèmes dépérissaient, que notre milieu de vie s’embrasait et que les classes
pauvres et moyennes étaient tenus en otage par des classes voraces, on a décidé de construire
différemment. On s’est retroussé les manches et on s’est dit qu’on n’avait pas tant besoin d’eux. Que
tous ensemble, entre ami-e-s, entre voisin-e-s, entre inconnu-e-s, on avait tous des savoirs et des
vécus et qu’on pouvait s’organiser ensemble. On s’est partagé le travail, on s’est appris des
connaissances, on s’est entraidés et on a veillé à ce que les différences de richesse soient encadrées
à une échelle qui semblait légitime. A chacun selon ses besoins. A chacun selon ses moyens. En
quelques années, on a transformé nos valeurs, jeté l’inacceptable et l’indécent, développé ce qui
était crucial : de la compassion à la collaboration, de l’audace au rire, du dialogue, de l’égalité et de
l’amitié. On en a parlé longtemps, on y a cru et on l’a fait.
Étape 3 : Les épreuves qui nous attendent!
Quelles sont les barrières rencontrées pour mettre en place ce nouveau monde? Comment peut-on les surmonter ?
Les mots d’Émilien
Dans le nouveau monde que nous appelons de nos voeux, la célébration de la diversité côtoie harmonieusement la recherche d’un progrès dont on s’autorise à réinventer continuellement le sens. Aujourd’hui, ce progrès se fonde notamment sur l’extension de valeurs universalistes comme la justice ou l’équité sociale à l’ensemble de notre planète. Le plus grand défi auquel nos sociétés devront faire face pour mettre en place ce nouveau monde sera celui de concilier ce désir d’universel, cette envie de mettre le doigt sur des valeurs et des normes sociales qui doivent s’appliquer partout sur notre planète pour le bien-être de tous, tout en préservant la pluralité de nos cultures et la diversité de nos façons de voir et penser le monde. Avec une sixième grande extinction qui se déroule sous nos yeux, nous commençons à prendre conscience de l’immense richesse qu’il y a derrière une vie diverse, ou biodiversité. Cette diversité est sans doute tout aussi précieuse dans le vivant que dans les cultures qui se sont développées par la suite. Allons-nous permettre à cet universalisme de se frotter à la pluralité des êtres, des cultures et des valeurs qu’ils défendent jusqu’à parfois remettre en question les valeurs qu’il a portées au pinacle ? Comment arriverons-nous à concilier nos aspirations à la découverte et la promotion de valeurs universelles avec la préservation de la pluralité et la diversité qui font toute la richesse des sociétés humaines ?
Étape 4 : On se transforme!
Quelles sont les prochaines étapes à mettre en œuvre pour passer du monde actuel au nouveau monde ? Les premiers pas ?
Les mots de Pauline
Se parler, s’écouter, communiquer. Pas juste de se côtoyer, mais vraiment s’écouter.
Accepter qu’on est différents et qu’on n’est peut-être pas d’accord, mais que c’est une richesse, une occasion positive et surtout, que c’est à respecter, parce que toutes les paroles ont une valeur et qu’aucune d’entre elles n’est supérieure à une autre.
S’intéresser à l’autre, pour comprendre ses motivations et ses valeurs. Pour pouvoir réconcilier des points de vue différents non pas en les assimilant, mais en s’entendant sur un objectif commun, par exemple d’être heureux et de garantir que nos enfants le soient… même si les outils pour y arriver sont différents, la sensation recherchée est la même, non ?
Donc par où commencer ? Par créer des espaces pour permettre cette communication : dans la ville, parce qu’on s’y côtoie et parce qu’on a tous cet espace en commun. Ça veut dire accepter l’autre et concevoir les espaces pour lui et pas pour l’exclure.
Parce qu’on a tous droit à la ville et qu’elle est une occasion extraordinaire de vivre ensemble pour de vrai.